Les chiffres ne mentent jamais : lors des discussions sur l’expansion du groupe BRICS, l’Arabie saoudite et l’Indonésie s’imposent déjà parmi les candidats qui comptent. Sur trois continents, des gouvernements africains, asiatiques et sud-américains affichent leur volonté d’intégrer cette alliance, tous animés par la même idée : trouver un contrepoids aux institutions dominées par l’Occident.
Longtemps, les critères d’adhésion sont restés dans le flou. Désormais, les débats avancent : taille de l’économie, stabilité politique, poids géostratégique. Derrière ces lignes de sélection, c’est tout un jeu de repositionnements majeurs qui se dessine, financiers autant que diplomatiques, sur la scène mondiale.
Quels pays pourraient rejoindre les BRICS en 2025 ?
À l’origine, le groupe BRICS réunissait le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, il s’apprête à écrire une nouvelle page. Lors du prochain sommet, la question de l’ouverture du bloc promet de tenir en haleine la scène internationale. Plusieurs pays émergents frappent à la porte, décidés à peser dans la recomposition des rapports de force mondiaux.
Sur le continent africain, l’Éthiopie et le Nigeria multiplient les signaux, portés par leur démographie galopante et leur rôle clé dans la région. En Asie, le Kazakhstan avance ses arguments, fort de sa position charnière entre Russie, Chine et Europe. L’Indonésie, mastodonte démographique, reste en lice, tandis que la Malaisie et la Thaïlande misent sur leurs relations économiques solides avec les membres actuels.
Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et l’Iran accélèrent leur offensive diplomatique, conscients de l’effet domino qu’aurait leur adhésion sur le marché mondial de l’énergie. L’Égypte et les Émirats arabes unis poursuivent les discussions, bien décidés à conforter leur statut d’acteurs incontournables dans leur région.
Côté Amérique latine, le Venezuela et Cuba affichent clairement leurs ambitions : soutien politique, appui économique, résilience face aux pressions extérieures. Chaque candidature s’inscrit dans une dynamique propre, entre aspirations nationales et stratégies géopolitiques. Le sommet à venir promet des négociations intenses, susceptibles de bouleverser la carte des BRICS, et, avec elle, celle du pouvoir mondial.
Élargissement des BRICS+ : quels enjeux économiques pour les membres et candidats ?
L’extension du bloc BRICS+ dépasse le pur symbole. Pondération économique, influence sur le PIB mondial, contrôle de matières premières : chaque nouveau membre potentiel modifie la donne. Avec de nouveaux entrants, le groupe pèserait plus de 40 % de la population mondiale et près d’un tiers du PIB en parité de pouvoir d’achat, selon les dernières données de la Banque mondiale et de Goldman Sachs.
Pour les membres actuels, l’objectif est clair : renforcer une puissance collective capable de rivaliser avec le G7. Nouer davantage d’alliances, c’est gagner en poids lors des négociations commerciales et monétaires. La Nouvelle banque de développement (NDB), le bras financier du groupe, élargit son champ d’action : plus de 32 milliards de dollars de prêts octroyés depuis sa création. Les pays candidats, de leur côté, espèrent accéder à des financements alternatifs, contourner l’omniprésence du dollar et bâtir une plus grande solidité économique.
Voici les attentes clés selon les profils des futurs membres potentiels :
- Les grands producteurs de matières premières, comme le Nigéria, l’Éthiopie ou l’Arabie saoudite, cherchent à mieux valoriser leurs ressources dans un cadre élargi.
- Les économies intermédiaires, telles que l’Indonésie, l’Égypte et le Kazakhstan, misent sur le transfert de technologies et la montée en gamme industrielle.
- Pour des États sous pression financière, à l’image de Cuba ou du Venezuela, l’espoir réside dans une solidarité renforcée et moins de contraintes que celles imposées par le FMI.
La diversité de ces profils ne freine pas l’élan du groupe, bien au contraire. La gouvernance de la NDB évolue, le sujet de la monnaie commune ressurgit, et chaque membre tente de faire entendre ses priorités dans ce nouvel équilibre.
Redéfinition des équilibres géopolitiques : ce que l’expansion des BRICS pourrait changer
Élargir le groupe BRICS ne revient pas à ajouter quelques drapeaux de plus sur la photo officielle. C’est un jeu de lignes qui bougent, de rapports de force qui se recomposent à grande vitesse. Depuis le sommet de Johannesburg, les ambitions de l’Arabie saoudite, de l’Iran ou du Kazakhstan obligent les acteurs à revoir leur copie, aussi bien à l’intérieur du bloc qu’au sein des puissances occidentales.
Voir l’Arabie saoudite et l’Iran siéger côte à côte, malgré des relations bilatérales fragiles, bouleverse les équilibres du Moyen-Orient. Les dossiers du Kazakhstan, de la Malaisie ou de la Thaïlande témoignent de la volonté d’attirer l’Asie centrale et du Sud-Est dans la dynamique. En Afrique, l’Uganda et l’Éthiopie revendiquent leur place à la table, enrichissant la pluralité des voix et des priorités.
Luiz Inácio Lula da Silva multiplie les prises de parole pour défendre un ordre multipolaire, moins inféodé aux injonctions occidentales. Avec cette ouverture, le bloc se transformerait en plateforme alternative face au G7 ou au Conseil de sécurité de l’ONU. Les réactions de la France et l’arrivée de nouveaux dirigeants comme Javier Milei en Argentine montrent à quel point certains États observent cette montée en puissance avec fébrilité.
Pour mieux comprendre ce tournant, voici ce qui se dessine :
- Des alliances inédites prennent forme, bousculant les hiérarchies établies.
- Les échanges Sud-Sud se densifient, posant les bases d’un nouvel agenda diplomatique.
- Les BRICS élargis entendent peser sur les grands dossiers : de l’énergie à la sécurité, en passant par la gouvernance mondiale.
Demain, la table des BRICS pourrait réunir des puissances que tout semblait opposer hier. Si la négociation aboutit, la configuration des pôles d’influence mondiaux ne ressemblera plus à celle d’hier. Le tempo s’accélère, et rares sont ceux qui peuvent encore prétendre regarder ailleurs.